Occupation de la Sorbonne. Pour un cessez-le-feu à Gaza et une soif de liberté

  • il y a 13 jours
Quelques jours après l’expulsion des étudiants de Science-Po, c’était lundi à ceux de la Sorbonne de se mobiliser pour un cessez-le-feu. Ils s’inquiètent d’un climat répressif et de voir leur mouvement caricaturé.

Le slogan ne fait pas référence à la situation au Proche-Orient. Mais il en dit long sur la répression qui s’abat sur le mouvement anti-guerre. C’est au cri de « Siamo tutti antifascisti ! » (Nous sommes tous antifascistes) que 80 étudiants ont été accueillis par leurs camarades, lundi midi. Ils venaient d’être expulsés par la police de la Sorbonne, qu’ils tentaient d’occuper en solidarité avec la Palestine. Lisa fait partie de ceux-là. « Nous avons installé des tentes, déployé une banderole et décoré le tout avec des drapeaux. Beaucoup d’étudiants nous ont soutenus », témoigne-t-elle après sa sortie de l’université. L’administration a cherché à retirer les tentes, avant de faire évacuer par la police. Plusieurs de ses camarades ont été tirés par les pieds sur les pavés. Selon elle, « on nous retire le droit de nous exprimer. Alors qu’on forme ici des juristes de droit international, on nous empêche de faire valoir le droit international ! »

Hors de l’établissement, indignés par le sort des Gazaouis, ils sont 250 autour d’un gigantesque drapeau palestinien. Paul, étudiant en lettres, venait juste en cours. Il s’arrête. « Au moins, ça se mobilise. On parle de vies. Ce sont des femmes, des enfants, ce sont des civils qui sont tués. J’ai vécu en Côte d'Ivoire, lors de la guerre civile en 2010 et 2011. Je sais ce que c’est. »

La question des libertés revient de nombreuses fois. « On ne nous laisse pas parler, s’inquiète Genni. Nous sommes médiatisés, mais cela ne reflète pas ce qu’on fait. » Elle rejette les caricatures faites du mouvement anti-guerre. Étudiant en philosophie, Gaspard, 20 ans, sent un climat délétère descendre jusque parmi les étudiants : « J’ai partagé des visuels sur la Palestine sur les réseaux sociaux, et je reçois des messages de haine, pas seulement de l’extrême droite. C’est la première fois qu’il y a une opposition entre les gens. Pendant la réforme des retraites, il y avait des désaccords mais cela discutait. » Membre d’Urgence Palestine, il voit dans les attaques de la droite contre le mouvement « un message adressé à la jeunesse : ils nous disent d’aller nous faire f… » !

« L’arrivée des policiers à Science-Po a mis un coup de projecteur sur une mobilisation qui dure depuis des mois », estime Éléonore Schmitt, secrétaire générale de l’Union étudiante. À ceux qui dénoncent l’indignation sélective des étudiants, qui se mobiliseraient pour Gaza et pas pour d’autres causes, elle rappelle que « nous avons une tradition de solidarité, nous nous sommes mobilisés pour les étudiantes iraniennes, pour les étudiants italiens qui font face à un gouvernement d’extrême droite ». La syndicaliste rappelle au contraire qu’une « majorité de Français est pour la paix et un cessez-le-feu ».

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