Beethoven : Sonate pour piano n°2 (G. Dehaene) - #BeethovenIntégrale

  • il y a 4 ans
Le pianiste Gaspard Dehaene joue la Sonate pour piano n°2 en la majeur op. 2 n°2 de Beethoven, composée en 1794-1795.

Après la sombre véhémence de la Sonate n° 1, Beethoven affiche son goût du jeu et de la plaisanterie, un trait de caractère qu’il partage avec son maître Haydn : aux deux premières notes de l’Allegro vivace, interrogatives, répond un bref motif dans un registre plus grave ; les traits volubiles se superposent à d’alertes staccatos, les entrées en imitation ressemblent à une partie de cache-cache. Mais ce caractère primesautier va de pair avec une vigueur qui se maintient tout au long du premier mouvement et qui nourrit des épisodes plus tendus. On songera au second groupe thématique, dont le chromatisme déstabilise la tonalité, et surtout au tumultueux développement. Les croisements de main (la main gauche passant au-dessus de la main droite) donnent l’impression d’une opposition entre deux personnages.

Si le mouvement lent de la Sonate n° 1 s’inspirait de la grâce mozartienne, Beethoven cherche ici une autre forme de cantabile. Le Largo appassionato (indication rare en cette fin de XVIIIe siècle) frappe par son lyrisme noble et intériorisé. On soulignera la nouveauté de ses sonorités, perceptible dès la mélodie initiale, dont l’accompagnement stylise des pizzicatos de contrebasse. Il faut aussi noter la plénitude des accords dans le volet central et la dernière partie, laquelle reprend le matériau du début en l’amplifiant.

Premier scherzo dans une sonate pour piano de Beethoven, le troisième mouvement s’émancipe du traditionnel menuet, non par son tempo, mais par des gestes capricieux rappelant l’étymologie du terme (scherzo signifie « plaisanterie » en italien). Le trio central, en la mineur, introduit quelques ombres que dissipe la reprise du premier volet.

Au XIXe siècle, certains commentateurs ont jugé le finale trop aimable en regard de l’ensemble de la sonate. C’est vouloir propulser un peu rapidement le compositeur dans l’ère romantique, alors qu’en 1795, il est encore d’usage de laisser le dernier mouvement pétiller comme une coupe de champagne. Le refrain « grazioso » de ce rondo s’orne de volutes toujours plus charmeuses au fil des occurrences. Si un élément thématique martial, superposant de vigoureux accords à des gammes staccato, introduit un contraste typiquement beethovenien, la conclusion dans une nuance piano refuse les coups d’éclat.

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