3 La Séparation des églises et de l'état (3 of 5)

  • il y a 17 ans
Troisième partie de La Séparation.

M. Jaurès : «C'est parce que déjà de grands génies, comme Rabelais, avaient entrevu toute la grandeur future de la science libre, parce qu'ils avaient glorifié symboliquement les voiles des navires mettant en communication les terres et les mers et aussi les livres, les papiers de ces livres qui mettent en communication les esprits. Rabelais disait : L'humanité ira plus haut encore : après avoir conquis les mers et la terre, elle s'élèvera vers les hauteurs de l'espace. Et devançant Hugo, il annonçait : « L'humanité ira loger un jour à l'enseigne des étoiles. »
C'est parce que notre génie français avait cette admirable audace d'espérance et d'affirmation dans la pensée libre, qu'il s'est réservé dans la Réforme afin de se conserver tout entier pour la Révolution. […]
Toute notre histoire proteste contre je ne sais quelle tentation de substituer les compromis incertains et tâtonnants du schisme à la marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, la pleine science et l'entière raison.
C'est sans équivoque, c'est sans ambiguïté, c'est en respectant dans la limite même de leur fonctionnement les principes d'organisation des Eglises […], et c'est en dressant contre ces Eglises la grande association des hommes travaillant au culte nouveau de la justice sociale et de l'humanité renouvelée, c'est par là, et non par des schismes incertains que vous ferez progresser ce pays conformément à son génie.
Voilà pourquoi l'œuvre que la commission nous soumet, œuvre de loyauté, œuvre hardie dans son fond, mais qui ne cache aucun piège, qui ne dissimule aucune arrière-pensée, est conforme au véritable génie de la France républicaine.
Nous ne faisons pas une œuvre de brutalité ; nous ne faisons pas une œuvre de sournoiserie ; nous faisons une œuvre de sincérité. C'est là le caractère du travail de la commission, et voilà pourquoi je m'y rallie ! »

Brilliant.

Recommandée